Fais souffler un vent d’agilité dans tes rétros

Bon, soyons clairs : la rétrospective Scrum, ce n’est pas “encore une réunion de fin de Sprint” où tout le monde baille et regarde l’heure. C’est ton meilleur outil pour faire grandir ton équipe, éviter les mêmes erreurs en boucle, et transformer les galères en apprentissages utiles.
Bref, c’est le moment où tu mets ta casquette de facilitateur zen, motivant, et parfois un peu magicien, pour aider ton équipe à devenir encore plus efficace et heureuse.

La rétro, c’est l’endroit où on inspecte, où on réfléchit (un peu), où on rit (souvent), et surtout, où on s’améliore (toujours). C’est ce qui rend Scrum vivant. Sans elle, tu aurais juste une machine à livrer des stories – sans âme et sans apprentissage. Et personne ne veut ça, pas vrai ?

La rétrospective Scrum : ton super pouvoir d’amélioration continue

Pourquoi cette rétrospective est géniale (et utile)

Chaque rétrospective a trois objectifs simples :

  1. Regarder honnêtement comment s’est passé le Sprint (techniquement, humainement, émotionnellement).
  2. Identifier ce qu’on garde, ce qu’on améliore, ce qu’on jette.
  3. Trouver des actions concrètes pour le prochain Sprint, pas juste des vœux pieux (“il faudrait qu’on communique mieux”… oui, très bien, mais comment ?).

En gros, tu fais l’audit régulier de la machine collective — sauf qu’ici, pas de « costard-cravate » ni de PowerPoint soporifique. Tu facilites une discussion sincère, et si tu fais bien ton boulot, les gens ressortent à la fois plus légers et plus motivés.

Les ingrédients d’une rétro qui déchire

Avant d’attaquer la fameuse histoire des Trois Petits Cochons, petit rappel des règles du jeu :

  • Crée un climat de confiance, pas un tribunal. Personne ne doit se sentir jugé.
  • Donne un cadre clair : “on a 90 minutes, pas trois heures de psychanalyse”.
  • Varie les formats pour éviter la routine. Une équipe qui s’ennuie ne se remet pas en question.
  • Et surtout, garde l’humour et la bienveillance : on peut tout dire, si on le dit avec respect.

Allez, rentrons dans le vif du sujet. Accroche toi à ta paille, ton bois et tes briques.

La Rétrospective des Trois Petits Cochons : un conte d’agilité

Tu connais l’histoire : trois cochons, trois maisons, un loup un peu pressé. Chacun construit son abri à sa façon :

  • L’un en paille (rapide, pas cher… et vite envolé à la première difficulté).
  • L’autre en bois (mieux, mais pas encore idéal).
  • Et le dernier en briques (plus long à faire, mais solide face à toutes les bourrasques).

Maintenant, imagine que ta maison, c’est ton équipe. Certaines pratiques sont bancales comme une palissade en paille, d’autres commencent à bien tenir, et quelques-unes sont déjà béton. L’idée de cette rétro, c’est d’identifier tout ça sans prise de tête.

retro 3 petits cochons

retro 3 petits cochons

Ton déroulé d’atelier, pas à pas

1. Mets tout le monde à l’aise (10-15 min)

Commence par un petit check-in convivial. Tu peux dire par exemple :
« Aujourd’hui, on va parler construction d’équipe façon conte pour enfants. Pas besoin de casque de chantier ni de marteau, juste ton esprit critique et un brin de bonne humeur ! »

Fais ensuite un tour météo (“Je me sens en mode grand soleil / ciel nuageux / orage interne”). Ce genre de rituel simple décrispe et met tout le monde dans une énergie bienveillante.

Rappelle ensuite l’objectif : “On inspecte nos fondations pour voir ce qui vacille, ce qui tient, et ce qu’on doit renforcer avant que le grand méchant loup des imprévus débarque.”
Une touche d’humour + du concret = combo gagnant pour capter ton équipe.

2. Rassemble les observations (15-20 min)

Prépare un tableau à trois colonnes : Paille / Bois / Briques.
Distribue des post-its et demande à chacun de noter :

  • En paille : ce qui est fragile, bancal, bricolé (“nos tests unitaires bâclés”, “la planif Sprint dernier moment”…)
  • En bois : ce qui marche à peu près mais pourrait être amélioré.
  • En briques : ce qui est solide, ce dont on peut être fiers.

Tu verras, certains écriront “mon humour” dans la colonne brique – laisse passer, ça détend.

Une fois tout collé, fais regrouper les idées similaires. Tu commenceras à voir apparaître les tendances naturelles de ton équipe : communication, qualité du code, motivation, backlog… C’est là que la magie opère.

3. Analyse et apprentissage (25-30 min)

Ici, tu entres dans le cœur de la rétro. Fais parler les gens :

  • Pourquoi certains aspects restent fragiles ?
  • Qu’est-ce qui fait que d’autres tiennent la route ?
  • Qu’a appris l’équipe des “briques” qui résistent aux tempêtes du Sprint ?

Reformule, creuse, et utilise la métaphore pour ancrer les idées : “Comment renforcer cette maison de bois en briques sans tout casser ?”.
Tu veux amener l’équipe à réfléchir, pas à se justifier.

4. Décide des actions concrètes (15-20 min)

À cette étape, il faut passer du blabla à l’action. Demande :

  • Quelle action va vraiment rendre notre maison plus solide ?
  • Quelle est simple à tester dès le prochain Sprint ?
  • Et surtout, qui s’en occupe ?

Limite toi à 1 ou 2 actions maximum, sinon plus personne ne s’en souviendra.
Inscris-les clairement et rends-les visibles dans le backlog.

Exemples :

  • “Ajouter une revue de code systématique sur toutes les merges.”
  • “Faire une mini-rétro express après chaque daily du vendredi.”
  • “Tester un outil unique de communication pour éviter le chaos Slack + Teams + mails + pigeon voyageur.”

Garde l’énergie du groupe. Ce moment doit donner l’impression qu’on sort avec un plan clair, pas juste une belle discussion.

5. Clôture positive et fun (5-10 min)

Avant de t’enfuir café en main, prends deux minutes pour un check-out.
Tu peux lancer un tour de table rapide :

  • “Un mot pour décrire cette session ?”
  • “Ce que j’emporte avec moi.”
  • Ou mieux : “Mon défi pour renforcer ma maison personnelle.”

Ça permet de finir sur une note légère, et chacun repart avec le sentiment d’avoir contribué.

Et n’oublie pas de remercier l’équipe : ils viennent de reconnaître leurs failles et d’en rire, c’est déjà une grande preuve de maturité. Un bon “bravo les maçons de l’agilité !” ne fait jamais de mal.

Quelques astuces de coach agile farceur

  • Prépare ton matériel visuel à l’avance. Trois maisons joliment dessinées feront toujours plus d’effet qu’un tableau Excel grisâtre.
  • Sois à l’écoute du niveau d’énergie. Si tu sens une baisse, insère une petite respiration ou une blague bien placée.
  • Neutralise les tensions avec humour bienveillant (“Ok, notre maison prend un peu l’eau, mais au moins on sait d’où ça fuit !”).
  • Ne cherche pas la perfection. L’idée, c’est d’avancer un peu à chaque Sprint, pas de construire la tour de Pise en un après-midi.

Pourquoi ce format marche à tous les coups

La beauté de cette métaphore, c’est sa simplicité.
Tout le monde comprend instinctivement ce que symbolisent la paille, le bois et la brique. Résultat : tu obtiens une discussion honnête, imagée et accessible, même avec les profils les plus techniques ou les plus réservés.

Elle pousse spontanément ton équipe à valoriser ce qui marche. Et ça, c’est précieux : beaucoup de rétros ne parlent que des problèmes. Ici, tu célèbres aussi ce qui tient bien debout, et tu renforces la confiance du groupe.

En bonus, le ton ludique défait les résistances. On parle d’enjeux sérieux, mais sans se prendre au sérieux. Et c’est là que les vraies améliorations émergent.

Ton rôle de Scrum Master (ou coach bricoleur en chef)
Ton boulot, ce n’est pas de “faire une animation sympa”.
C’est d’aider ton équipe à s’approprier l’amélioration continue, à oser se remettre en question, à ricaner un peu face à ses imperfections, et à repartir soudée.

Tu es celui qui tient le fil rouge, celui qui injecte une dose d’humanité et d’énergie. Et quand tu verras tes coéquipiers passer d’une maison de paille à une belle maison de briques, tu sauras que tu as fait ton taf de coach agile avec brio.

En conclusion : deviens le quatrième petit cochon

Ce format est une belle leçon d’agilité déguisée en conte.
Petit à petit, ton équipe construit sa maison, brique après brique. Elle apprend à reconnaître ses failles sans honte, à les renforcer ensemble, et à célébrer chaque progrès, même minuscule.

Et toi, dans tout ça, tu es celui qui distribue les outils, motive les troupes et garde le sourire quand le loup du backlog souffle trop fort. Parce qu’en vrai, c’est ça, être Scrum Master : bâtir des maisons solides dans un monde qui tremble.


Claude BUENO

J’aide les équipes à développer leurs pratiques agiles et collaboratives. Je blogue depuis 2008 sur la transformation numérique, le développement d'applications web et mobile et les pratiques pour les réaliser dans les meilleures conditions. Sujets de prédilection : agilité, coaching, digital, management, marketing, développement web et mobile

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