Comment j’ai refait mon papier peint grâce à l’agilité (et survécu)
Quand le coach agile passe du post-it au rouleau à tapisser…
L’agilité, ce n’est pas que pour les développeurs. C’est aussi pour les gens qui veulent survivre à un chantier sans divorcer.
– Moi, quelque part entre deux lés de papier peint.
1. Prologue : Le coach agile au pays du rouleau
Tout a commencé un matin, café à la main, en regardant ce mur du salon… Vous voyez le genre : un papier peint aux motifs passés qui date de l’époque où la VHS faisait encore autorité. Et là, une idée (très peu agile, je l’admets) m’a traversé l’esprit :
Tiens, et si je profitais de mes quelques jours de congé pour refaire tout le rez-de-chaussée ?
Évidemment, c’était censé être rapide. Deux jours max.
Spoiler : ce ne fut pas deux jours.
Mais voilà, en bon coach agile, j’ai décidé de mettre mes pratiques à l’épreuve. Après tout, si l’agilité permet de livrer des logiciels de qualité dans l’incertitude, elle devrait pouvoir m’aider à poser trois lés de papier peint, non ?
Spoiler bis : ça a super bien marché. Enfin, presque.
2. Le backlog du rez-de-chaussée : ou l’art de découper l’enfer en stories
Avant même d’acheter un seul rouleau, j’ai pris une page blanche (bon, une app de notes, faut vivre avec son temps) et j’ai listé tout ce qu’il y avait à faire :
- Déposer l’ancien papier peint (ça colle encore au mur comme mes enfants à leurs tablettes)
- Réparer les murs (parce que surprise : il y avait des trous derrière les fleurs)
- Appliquer une sous-couche
- Acheter le nouveau papier peint (en conciliant goûts esthétiques et budget de coach agile)
- Poser le nouveau (sans bulles, sans larmes, sans divorcer)
J’ai ensuite découpé ça en user stories. Oui oui :
Et hop, mon backlog était prêt. Priorisé. Visible. Et déjà, je respirais mieux.
3. Sprint Planning : de l’eau, des spatules, et un plan imparfait
J’ai ensuite planifié mon Sprint 1 :
Objectif : décoller le vieux papier peint et réparer les murs.
Durée : 2 jours.
Ambition : trop haute.
Réalité : pleine de surprises (et de champignons derrière un mur… mais chut, ça reste entre nous).
J’ai sorti mon vaporisateur, ma spatule, et une playlist motivante.
Rapidement, j’ai compris une chose : mon « Definition of Done » était trop floue.
Est-ce que « le papier ne tient plus au mur » = fini ?
Ou faut-il « plus aucun résidu, pas même une micro-fibre de colle » ?
Après un daily meeting avec moi-même, j’ai reformulé :
Done = mur sec, propre, lisse et sans morceaux visibles.
Moralité : ne jamais sous-estimer l’importance d’une Definition of Done, même quand on fait du DIY.
4. Le daily stand-up avec mon mur (et mon chien)
Chaque matin, je faisais mon petit point :
- Ce que j’ai fait hier : “Décollé 2 pans, trouvé un vieux câble électrique et crié très fort.”
- Ce que je vais faire aujourd’hui : “Poncer, reboucher, méditer sur mes choix de vie.”
- Obstacles : “Mon chien a mangé un rouleau. Le vrai, pas celui de papier.”
Même seul, ce rituel m’a gardé sur les rails. Et honnêtement, parler à son chantier, c’est thérapeutique.
5. La livraison incrémentale (ou pourquoi j’ai commencé par les toilettes)
Plutôt que de viser un big bang « tout refait d’un coup », j’ai opté pour une approche incrémentale.
Premier espace livré : les toilettes. Petite pièce, peu de risque, impact visuel immédiat.
Résultat : satisfaction utilisateur (famille) + confiance boostée (moi).
On parle souvent de « quick wins » en agile. Eh bien là, c’en était un.
Et j’ai même eu droit à un compliment :
C’est pas si mal.
Ce qui, dans le langage conjugal, veut dire : presque félicitations.
6. La rétrospective (et le moment où j’ai failli tout repeindre en blanc)
Après chaque pièce, je faisais une mini rétrospective :
- Ce qui s’est bien passé : “J’ai réussi à faire un raccord quasi parfait.”
- Ce qui a moins bien marché : “J’ai collé un lé à l’envers. Oui, ça arrive.”
- Actions : “Toujours vérifier le sens AVANT d’appliquer la colle.”
Ces pauses m’ont évité l’épuisement, la panique, et la tentation d’appeler un professionnel en pleurant.
7. Le rôle des stakeholders (ou comment convaincre ses enfants qu’un mur uni c’est cool)
L’agilité, c’est aussi l’écoute des parties prenantes.
J’ai donc organisé une session “Design Thinking” version familiale :
Post-its, moodboard Pinterest, votes avec des bonbons.
Résultat : compromis atteint. On a choisi un papier peint à motifs juste assez audacieux pour plaire aux enfants, et suffisamment neutre pour éviter la crise parentale.
Et j’ai réalisé que la co-création, même dans la déco, rend tout plus fluide.
8. Le Kanban sur le frigo : visuel, simple, efficace
J’ai collé un mini tableau Kanban sur le frigo :
- À faire : chambre d’amis, finitions
- En cours : salon
- Fait : entrée, WC, couloir
Effet immédiat : ma compagne a arrêté de me demander “Tu fais quoi aujourd’hui ?”, et les enfants ont joué au Scrum Master en déplaçant les post-its (“Papa, c’est pas encore fini ça ?”).
9. L’art du MVP : Mur Viable et Posé
Comme dans tout projet, j’ai dû faire des compromis.
J’avais rêvé d’une frise, d’un mur accent coloré, de moulures…
Mais l’objectif principal était un rez-de-chaussée propre, moderne, et vivable.
Le MVP, ici, c’était un mur bien fait, sans bulles, et sec.
La suite ? Ce sera dans une prochaine itération. Ou un autre congé.
10. Conclusion : l’agilité, c’est un super pouvoir… même avec de la colle
En fin de compte, ce chantier m’a rappelé pourquoi j’aime tant l’agilité.
Ce n’est pas juste une méthode.
C’est une philosophie qui vous aide à :
- Gérer l’incertitude (oui, même celle de la colle qui sèche trop vite)
- Travailler en équipe (ou du moins, éviter les engueulades)
- Apprendre en faisant
- Rester aligné sur un objectif clair
- Et surtout : livrer de la valeur (même si cette valeur sent la colle fraîche)
Alors, la prochaine fois que vous vous lancez dans un projet maison, rappelez-vous ceci :
Un bon coach agile ne pose pas juste du papier peint. Il itère, il teste, il livre, et surtout… il nettoie ses outils en fin de sprint.